(...) Le parcours d'un champion est jalonné de réussites et d'échecs, de défaites et de victoires. Et ce qui fait précisément la différence entre un champion et les autres, ça n'est pas son aptitude à gagner, mais cette capacité exceptionnelle et hors du commun de résister à la fois à l'échec et à la réussite, d'être capable de surmonter la frustration, les regrets et le découragement liés à la défaite tout en évitant le relâchement, l'euphorie et l'autosatisfaction liés à la victoire.
Lorsqu'on prête un oreille attentive aux paroles des champions, on se rend compte qu'il y a chez ces sportifs qui gagnent plus souvent que chez les autres, un rapport au résultat fait de détachement et d'acceptation. Et en même temps, une volonté farouche de s'engager à 100% dans l'action, à avancer, quoi qu'il arrive, quels que soit les obstacles.
Le secret de leur efficacité pourrait bien résider dans cette faculté à se concentrer sur l'action plutôt que sur le résultat, à se fixer sur ce qu'on peut contrôler et qui dépend de soi. Bien sûr, tout le monde veut gagner, tout le monde veut avoir des résultats. Si l'on admet en toute logique que les résultats dépendent des actions entreprises, alors il est juste de dire que plus un individu se concentre sur les actions à mener et plus il accroît ses chances d'obtenir des résultats. En mettant ainsi le résultat en arrière plan, il peut aborder défaite et victoire d'un esprit égal sans dévier de sa trajectoire. À l'inverse, plus il focalise sur le résultat, plus il se crispe sur l'enjeu, plus il perd de vue les actions à entreprendre et plus ses chances d'obtenir des résultats s'amenuisent. Car, en se trompant d'objectif, il génère sans s'en rendre compte une pression limitante. Dès lors, défaite et victoire exercent sur lui une emprise dont il n'a pas idée. C'est là le paradoxe du résultat; plus je veux le résultat, moins je l'obtient et plus je lâche prise sur le résultat, plus j'ai prise sur lui. La plupart des champion d'exeption l'ont compris et c'est cette attitude vis à vis du résultat qu'il paraît intéressant de modéliser chez eux.
« Le jeu prime sur l'enjeu ».
Néanmoins, quand on voit de plus en plus de couronnes et de médailles entachées de suspicion, on peut se demander à juste titre si le monde sportif n'est pas en train de créer des antimodèles qui utilisent des moyens non-écologiques tels que le dopage et la corruption pour parvenir à leur fins. Les enjeux sont-ils en train de tuer le sport, de vider le champion de son aura et de priver les jeunes générations de modèles éthiques pour grandir et avancer sur le chemin de la vie? Quand on recherche le long terme, les modèles sont à choisir avec discernement et il convient alors de gratter derrière l'image du magazine ou de l'écran de télévision.
Source : Antoni Girod.