D’aussi loin que je me souvienne, j’observe le monde de façon détachée. Comme bien d'autres, je n’ai jamais eu l’impression d’y appartenir vraiment. Cette propension à regarder la réalité à partir d’un point de vue d’observateur m’a poussé à vouloir comprendre au-delà du narratif habituel ; comprendre notamment comment s’organise le modèle structural de ce que l’on projette hors de soi.
Il va sans dire que le cheminement tel qu’il nous apparaît aujourd'hui, commence lorsque nous prenons conscience qu’il n’y a pas de séparation entre l’extérieur et l’intérieur.
Nous expérimentons la vie sous l’illusion que nous sommes séparés les uns des autres, et la séparation comme telle, se trouve à être un aspect déterminant pour expérimenter la tridimensionnalité.
En quelque sorte, nous l'avons choisi à partir du plan de notre âme, mais c’était sans savoir que notre âme elle-même s'est crue un jour, séparée de la source. Par conséquent, nous expérimentons la vie et la mort du monde mémoriel de l’âme qui accumule les expériences
de karmas, et qui nous soumet, d’une incarnation à une autre, à une structure matricielle duelle où nous apprenons à évoluer par la souffrance à travers le bien et le mal.
À ma naissance, le bébé que j’étais, comme celui que nous avons tous été un jour, baignait dans son authenticité profonde, dans l’être divin qui répond à son plan originel.
Vivant dans l'innocence de l'instant présent, l’esprit du bébé qui transite ainsi d’un monde à l’autre, est à l'endroit, sans séparation aucune avec le monde extérieur. Il est encore uni, à la fois à la source originelle de la matrice divine, et à sa mère, représentante incarnée du féminin sacré.
Le bébé n'a pas conscience de son égo. Il est pur. Et à partir de cette personnalité qu’il commencera à bâtir pour survivre dans son incarnation terrestre, naîtra différentes sous-personnalités, facettes de lui-même qu’il montrera ou non au monde.
Il passera ses premières années de vie face à son propre miroir, à découvrir et à mettre en place les stratégies qui lui permettront de mieux vivre son expérience selon des barèmes artificiels, et trompeurs. Puis il passera la balance de sa vie à se battre contre lui-même, contre ces mêmes expressions stratégiques qu'il a lui-même installées, inspiré qu'il était des modèles de valeurs inversées.
Dès le départ, Il a été formaté. L’éducation reçu lui renvoie une image de lui-même altérée, une image qui détonne d’avec sa vraie nature. Il le sens dans son corps. Dans son esprit, la confusion prend place, car s’il réfléchit trop à partir de sa nature divine, il n’arrive plus à voir la réalité qu’on lui impose. La scission s’installe alors d’elle-même, puisque l'image qu’on lui propose se trouve à être inversée, et tous les systèmes parental, familial, éducatif n’auront de cesse de l'identifier à ce qu’il n’est pas le restant de sa vie.
Extrait de PASSAGE SOUS VIDE